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23e dimanche ordinaire (C) 1989, 1995

 

Renoncer à son père, à son époux...

L’évangile d’aujourd’hui est difficile à entendre, tant les paroles sont dures : “Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple”. La dernière phrase semble pareillement inaudible : “Celui d’entre cous qui ne renonce pas à tous ses biens ne peut être mon disciple”.

Il n’y a pourtant rien à retrancher à ces paroles, il faut les entendre dans leur nudité, dans leur rudesse, telles qu’elles sont, sans vouloir en arrondir les angles. On les retrouve à travers tout l’Evangile, à côté d’autres qui sont douces à entendre, comme venant d’un autre Dieu, celui de la tendresse et de la pitié, lent à la colère et riche en miséricorde. Comme si Dieu avait un double visage, comme s’il était une sorte de Janus à deux fronts ou plutôt à deux faces qui ne font qu’un visage, celui du Christ.

D’un côté nous voyons le Christ plein de miséricorde et de bonté s’approcher des pécheurs, de la femme de Samarie qui ne brillait pas, c’est le moins que l’on puisse dire, par une vie exemplaire, de Marie-Madeleine, la ^pécheresse, de la femme adultère, de Zachée qui avait une réputation de voleur et de collaborateur... et il leur a ouvert le cœur. Alors, ces femmes et ces hommes ont été bouleversés au point que leur vie en fut radicalement changée. Donc, d’un côté le Christ miséricordieux, toujours prêt à pardonner, courant derrière la brebis égarée, et de l’autre le Christ exigeant qui nous engage sur des chemins difficiles, abrupts, impossibles en apparence à tenir, comme c’est le cas dans l’évangile d’aujourd’hui et qui nous invite à choisir, à le choisir, lui, avant tout le reste et ce chois exclusif est la condition sans quoi on ne peut pas être son disciple.

Il faut tout de même, pour que l’Evangile reste crédible, chercher à comprendre ce que veut dire : le préférer, lui, à son père, à sa mère, à toutes les relations humaines et à tous les biens de la terre. Comprendre, car Dieu ne s’oppose pas à la raison, il nous a au contraire donné l’intelligence; il est lui-même l’intelligence, la Sagesse suprême. Encore faut-il chercher et ne pas trop vite baisser les bras. Peut-être faudra-t-il du temps pour bien comprendre, car il y a plusieurs formes d’intelligence. Il y celle des sens ou des instincts ou encore des sentiments : on se laisse guider par ce qui se voit et ce qu’on ressent, ce sont ceux qui courent derrière l’argent, la puissance ou le plaisir; il y ensuite la raison, la pure raison, la logique ou les forts en math, ce sont les gens de l’esprit, les grands esprits ou grands génies, ils ont leur empire et il y a le coeur, ce sont les saints, ils on t aussi leur empire leur éclat, leur victoire, leur lustre, et ils n’on nul besoin des grandeurs charnelles ou spirituelles : Dieu leur suffit. “Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas”, dit Pascal. Et vous connaissez le mot de Saint-Exupéry : “On ne voit bien qu’avec les yeux du cœur”.

Comprendre, sans pour autant adoucir quoi que ce soit des paroles de l’Evangile, leur garder leur tranchant et bien mesure ce à à quoi le Christ nous appelle.

Quitter son père, sa mère, ses frères... De toute façon nous y sommes appelés, que nous le voulions ou pas, à moins de rester prisonniers des siens. Il y a des ruptures à opérer pour devenir adulte et autonome et les ruptures sont toujours difficiles, elles font mal.

La première rupture à opérer est celle du cordon ombilical. Il faisait si bon vivre dans le sein de sa mère ! Mais pour devenir homme, il faut s’en arracher. et ce n’est pas sans cri que cela se fait.

Puis il y a la rupture du sevrage : pendant les premières semaines, les premiers mois, l’enfant se confond encore plus ou moins avec sa mère. Vous connaissez bien cela, inutile d’insister. Là aussi arrive le moment inévitable de la rupture : il faut une fois de plus rompre avec la mère, à moins que la mère ne cherche à maintenir son petit dans sa dépendance. Mais est-ce là le but de la vie ?

D’autres ruptures se feront dans la suite, surtout à l’adolescence, autour de 12-14 ans. Et souvent cet arrachement est dur, très dur. puis vient le jour où le jeune fait sa vie, sa propre vie.

Il semble donc normal à l’enfant ou au jeune de s’arracher à sa mère, à son père, à ses frères et soeurs pour accéder à sa propre maturité. Vous connaissez le mot de Khalil Gibran : “Mères, vos enfants ne vous appartiennent pas, ils sont les enfants de la vie”. Mais comment comprendre que l’époux doive à son tour s’arracher à l’épouse, et l’épouse à l’époux, et même à sa propre vie, car telle est bien l’exigence du Christ : si quelqu’un lui préfère sa femme ou son mari ou même sa propre vie, il ne peut être son disciple ? Un mot de saint Léon le Grand l’éclaire : “Celui qui ne brise pas avec son origine charnelle, dit-il, ne peut pas entrer dans la société des fils de Dieu” (Bréviaire, tome IV, p. 38). Briser avec son origine charnelle, faire en sorte que la relation époux épouse devienne vraiment ce qu’elle est appelée à être, le sacrement ou le symbole de l’alliance en Jésus-Christ entre Dieu et les hommes, entre le ciel et la terre, non pas repli sur soi du couple, mais ouverture à la fraternité universelle, à la communion entre tous les hommes. Ce vers quoi nous tendons dès maintenant, mais qui ne se réalisera pleinement que dan l’au-delà, dans la Jérusalem céleste, celle d’en-haut, la cité du Dieu vivant. Il y a des situations de couple qui deviennent des prisons, il y a des couples mortifères, non point nécessairement par mésentente, mais par trop d’entente ou plutôt par mauvaise entente, car le centre de soi n’est ni l’épouse ni l’époux, mais l’autre, le tout-autre, le tout-différent, le vide d’où coule la source de tous deux. Devenir soi est toujours un chemin ardu, une aventure de tous les jours.

Il y a enfin la rupture définitive de la mort, celle qui me concerne, la mienne comme celle des autres. Au fond, le Christ ne dit ni ne fait rien d’autre que ce que la vie nous apprend au jour le jour : il n’est pas venu pour détruire la loi, mais pour la vivre pleinement et nous aider à la vivrre de notre mieux dès maintenant et à jamais.

 

 

24e dimanche ordinaire (C) 2004

 

La parabole des deux fils

Deux catégories d’hommes s’approchent de Jésus dans l’évangile de ce jour : les publicains et les pécheurs, les pharisiens et les scribes. Les premiers viennent pour l’écouter, les seconds pour récriminer, juger, condamner. Chez les premiers il y a une attente, une soif, un désir. Rien de tel chez les autres : ils murmurent, ils ne sont pas d’accord, ils ont à redire, ils savent, ils séparent l’humanité en deux parts : les purs et les impurs; eux, bien sûr, se comptent parmi les purs.

Dans cette parabole, Jésus met en scène une image surprenante de Dieu, car Dieu est bien le berger qui “laisse quatre-vingt-dix-neuf de ses brebis dans le désert” pour aller chercher l’unique qui est perdue Il ne semble avoir d’intérêt que pour elle, ne manifestant aucun désir pour celles qui sont présentes à ses côtés. A moins que... celles-ci, les quatre-vingt-dix-neuf, se voyant abandonnées, ne fassent l’expérience de la perte et se mettent à leur tour à crier : alors le berger pourra s’approcher d’elles et les soigner. Car “les justes qui n’ont pas besoin de conversion” n’intéressent pas le Dieu de Jésus; il ne se réjouit que du pécheur repentant. Pour qu’il y ait de l’attente et du désir, il faut qu’il y ait du vide. L’expérience du vide. Je pense à l’aumônier de l’hôpital de Hautepierre à Strasbourg; il raconte comment à ses débuts il souffrait de ne pas comprendre comment Dieu pouvait laisser des souffrances intolérables, jusqu’à ce qu’une nuit tout basculât en lui. Comme en rêve il s’entendait dire à Dieu : “Il faut que je le sache pour continuer d’accompagner ceux qui souffrent et meurent autour de moi.- Alors, répondit Dieu, tu seras le seul à qui je vais le révéler. Nous avons marché longtemps, Dieu et moi, et puis nous sommes arrivés devant une grande porte. Réfléchis bien, dit Dieu, puis ouvre-la. Je l’ai ouverte, lentement, très lentement, et je suis tombé, tombé, tombé... dans le néant total, le vide absolu” (La tendresse pour tout bagage, éd. Presses de la Renaissance p. 25-26). Expérience douloureuse, expérience mystique à laquelle n’échappe nul chercheur de Dieu. Les pharisiens y échappent, il n’y a pas de manque en eux, pas de vide, ils sont pleins de justice, de vertus, de morale, de religion, d’humanisme, pas de blessure non plus, ils sont sans défaut, sans faille, comme l’aîné des fils de la parabole; il est tellement plein de lui-même qu’il n’y a nul espace libre pour la nouveauté, la surprise, la grâce. Ils n’ont pas fait l’expérience en eux du vide, de l’absence, de l’abîme. Tout autre est l’attitude de l’autre, le plus jeune, le prodigue. On le remarque à peine tellement on est habitué à lire : ”Les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter”. Il faut prendre la traduction de Chouraqui pour saisir la saveur du texte: “Tous les gabelous et les fauteurs...” Le gabelou, celui qui s’assied à la gabelle pour percevoir l’impôt sur le sel, la gabelle. Pas drôle ce métier qu’on trouve sur la liste des métiers de voleurs, en compagnie des bergers. Or, ce sont précisément eux, les gabelous, et ailleurs, à la naissance de Jésus, les bergers que l’on voit étonnés, les premiers étonnés de ce qui se passe autour de Jésus; ils sentent, ils perçoivent quelque chose du mystère de Dieu en Jésus.

Comme vous qui êtes ici, ce soir (ce matin).

Ah, comme le coeur de Dieu se réjouit quand il voit venir ses petits, ses enfants et qu’ils reconnaissent qu’ils sont de pauvres pécheurs. Il nous attend, comme il attendait son fils : “Comme il était encore loin son père l’aperçut et fut saisi de pitié; il courut se jeter à son cou et le cpiuvrit e baisers”. Comme c’est beau de savoir cela, que le coeur de Dieu n’est que tendresse. Voilà pourquoi les chrétiens, chaque fois qu’ils se retrouvent pour célébrer l’eucharistie, ils commencent par se recconnaître de pauvres pécheurs, parce que nous nous connaissons et que nous savons que Dieu est toute tendresse, qu’il nous accueille de tout cœur... à condition que nous nous reconnaissions tels que nous sommes. Comme Paul, le grand apôtre Paul : “Je suis plein de reconnaissance, écrit-il dans la la deuxième lecture de ce jour, pour celui qui me donne la force, Jésus le Christ, notre Seigneur, car il m’a fait confiance en me chargeant du ministère, moi qui autrefois ne savais que blasphémer, persécuter, insulter. Mais le Christ m’a pardonné”. Et Dieu lui a pardonné, parce qu’il lui a demandé pardon, qu’il avait senti toute la misère en lui et le désir de le rencontrer. Sentiment de bonheur, de plénitude, de vie.

Comme elle était belle la lune, hier soir, avec les franges de nuage lumineuses autour. Il faisait déjà nuit. Je l’ai regardée. Des hommes ont déjà réussi à poser les pieds sur son sol, à y marcher, à y danser, à ramener des échantillons de roche et de la poussière au sol. Ces voyages dans l’immensité de l’espace nous émerveillent. Que l’homme ait pu grâce aux calculs et aux progrès de la technique aller jusque là ! Et pourtant ces merveilles ne nous empêchent pas de nous enfermer dans nos luttes qui provoquent tant de misères et qu’on éprouve de la honte à évoquer. Elles ne sont aussi qu’une toute petite aventure par rapport au grand voyage qu’il nous reste à faire au centre de nous-mêmes, au centre de l’âme, comme Thérèse d’Avila en fait l’expérience après des années de lutte et de recherche, où se dévoilait à son grand étonnement un empire, vaste comme le monde, une lumière “auprès de laquelle la clarté du soleil semble bien terne” et où “la jouissance atteint un tel degré d’indicible douceur qu’il vaut mieux ne plus rien en dire”, car le Seigneur l’a retirée résolument de la terre pour l’établir “maîtresse de tout au monde” ( Autobiographie de Thérèse d’Avila, dans les Oeuvres complètes, éd. Desclée de Brouwer, p. 144, 287).. Elle découvre que notre n’est rien moins que la demeure même du Seigneur, son hôtellerie, le “clair miroir sans envers, ni côtés, ni haut, ni bas qui ne fussent clarté, et au centre m’apparut le Christ Notre-Seigneur, tel qu’il m’arrive de le voir” (p. 312). Voilà où nous entraîne l’évangile de ce jour. Nous ne sommes plus livrés à notre solitude, mais “au plafond, sur le toit de nous-mêmes et de toute chose créée”, “au-dessus de ce qu’il y de plus élevé dans l’âme, à sa “partie supérieure” où s’offre un visage, signe d’une présence, celle de Dieu lui-même.

 

 

25e dimanche ordinaire (C) 2007

 

Le serviteur habile et malhonnête

Il est habile et déterminé, le gérant dont il est question dans l’évangile qui vient d’être lu : sachant qu’il va être licencié de son travail, il cherche aussitôt à se faire des amis, en diminuant substantiellement les dettes de ceux qui devaient de grosses sommes à son maître. Il ne pleure pas inutilement sur son sort. Rien d’une victime qui se complaît sans le malheur. Déjà il réagit, il se tourne vers l’avenir, cherche une issue. Bien sûr, il est trompeur et malhonnête. L’éloge qu’en fait le maître n’est évidemment pas celle de la corruption. Ce serait mal comprendre l’Evangile que de le supposer. Non, l’éloge ne porte pas sur sa malversation, lais sur l’habileté, sur la détermination à se sortir d’un mauvais pas; c’est pour son énergie, son intelligence qu’il s’attire l’admiration du maître. Alors comment ne pas rêver, rêver à des fils de lumière habiles eux aussi et déterminés pour le bien comme lui l’a été pour le mal ? Comment ne pas espérer une même intelligence au service de l’Evangile ? Ne pensez-vous pas, chers amis, que Dieu attend que nous soyons aujourd’hui des serviteurs intelligents, habiles, décidés, des apôtres et des serviteurs éclairés, des chrétiens qui soient comme des phares, pas seulement des consommateurs, mais des personnes responsables, engagées au service de Jésus-Christ, dans le monde tel qu’il va, où la la foi ne trouve pas toujours un accueil favorable. Les églises se sont bien vidées les trente dernières années, beaucoup de chrétiens les ont quittées sur la pointe des pieds. Nous sommes devenus le petit nombre, vous le voyez bien, et je ne le dis pas avec nostalgie, avec aigreur. J’en prends acte, c’est ainsi, il faut le savoir. Tout n’est pas négatif, loin de là : il ne va plus de soi d’être chrétien; autrefois on n’avait pas tellement le choix; aujourd’hui, on est libre, un peu plus libre, alors il faut se décider. Le Bon Dieu ne veut pas des suiveurs seulement, il veut des gens qui s’engagent, qui choisissent. Nous qui sommes là, nous savons bien que nous ne sommes pas meilleurs que ceux qui ne sont pas là, on serait bien prétentieux de pense le contraire. Et il y a tant de problèmes qui nous interrogent, tant d’injustice et l’avenir ne paraît pas très rose : pourquoi tant de terrorisme, cette nouvelle forme de guerre ? pourquoi tant de misères, en Tchétchénie, en Israël, en Afrique, en Amérique du Sud, en Haïti et ailleurs ?

Et Dieu se tait; il dort, ou plutôt semble dormir au fond de la barque : le silence de Dieu n’est pas sans poser de question. Et le respect de l’homme et de la planète. Que de gâchis, de pollution ! Les poètes voient parfois mieux que nous. Ainsi Paul Claudel, ambassadeur au Danemark en 1920, observe et dénonce la barbarie de la technologie de pointe, à une époque où personne ne parlait encore d’écologie: “Une vache, écrivait-il alors, bien avant le Dernière guerre, une vache est un laboratoire vivant qu’on nourrit par un bout et qu’on trait à l’électricité par l’autre. Le cochon est un produit sélectionné qui fournit une qualité de lard conforme au standard. La poule errante et aventureuse est incarcérée et gavée scientifiquement. Sa ponte est devenue automatique. Chaque espèce est élevée à part et en série”.

Il est vrai, la foi ne trouve pas aujourd’hui un accueil favorable, elle a à répondre de nos interrogations, elle est souvent mise à mal, mise en question. J’ai déjà évoqué devant vous la figure de Madeleine Delbrêl, une petite dame qui a vraiment trouvé le Christ vers vingt ans et qui s’est découvert la vocation de vivre sa foi au coeur de la cité d’Ivry où elle travaillait comme assistante sociale, une cité “rouge” comme on disait il n’y pas si longtemps encore, dans la banlieue parisienne, depuis les années trente jusqu’à sa mort en 1964. C’est là, dans ce milieu incroyant, dit-elle, qu’elle a trouvé des conditions favorables à une nouvelle conversion, une conversion à une foi plus authentique, plus vraie, plus saine. Ce qui m’a frappé dans une conférence qu’elle a faite aux étudiants catholiques de Paris en 1961, c’est qu’elle explique comment la foi est un savoir et un savoir-faire: “La foi, dit-elle, n’est pas seulement une façon de penser, de voir la vie, d’envisager notre comportement intérieur; elle est d’abord et avant tout, mais nous l’oublions bien souvent, un aiguillon pour agir, pour faire”, pour faire de cette terre une terre où il fasse bon vivre, une terre qu’on respecte, qui soit belle et propre, et de l’humanité, un rassemblement de frères. Beaucoup pensent que la foi n’a rien à faire avec le réel, qu’elle est une attitude toute intérieure : je prie, je vais à la messe, pour le reste, je cherche à être un honnête homme, une honnête femme. “Non, dit Madeleine Delbrêl, ça c’est une foi de charbonnier, c’est-à-dire la foi de ceux qui ne cherchent pas à comprendre. Mais pour ceux qui cherchent à comprendre, la foi est une science, la science d’un réel qui nous dépasse et qui nous concerne, et ce réel c’est la vie éternelle”.

Là j’ai pensé à Edith Stein. Des textes d’elle me sont venus en mémoire. C’est vrai, Edith Stein dit pareilement que la foi est une science, elle l’appelle, de façon tout à fait précise, la science de la croix, die Kreuzeswissenschaft. Croire, dit-elle, c’est apprendre à vivre comme Jésus à vécu et faire comme il a fait, vivre ainsi et agir en sorte que l’éternel s’accomplisse aujourd’hui dans le temps.

N’est-ce pas beau de comprendre cela, que l’éternel s’accomplisse dans le temps ? Savoir que ma vie, les petits événements de ma vie, que mon histoire, ma petite histoire prenne ses vraies dimensions, les les dimensions de l’éternité. Que la vie vaut la peine d’être vécue, même si je ne fais rien d’extaordinaire. Croire, c’est découvrir que ma vie est infiniment précieuse, qu’elle vaut plus que ce que je n’ose jamais penser. Le Christ n’a-t-il pas dit à la Samaritaine : “L’eau que je te donnerai deviendra en toi source de vie éternelle”.

 

 

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